lundi 20 décembre 2010

C'est la fête du slip...

« L'article 4 du projet de loi Loppsi a été adopté mercredi soir par l'Assemblée nationale. Celui-ci permet à l'exécutif de produire une liste des sites à bloquer au niveau des FAI. L'opposition, qui réclamait l'intervention du juge dans le processus de filtrage, n'a pas été entendue. »
Quelqu'un sait-il ce qu'est devenue la République Française?
La quoi? Qu'est-ce qu'il a dit?
Mais Monsieur! La France, ça n'existe plus depuis longtemps! Et puis la République, si elle avait été établie, on en aurait entendu parler! Vous n'avez pas l'air d'être très au courant! Je vais vous dire, cher monsieur, l'idée de république est une farce qui a été élaborée par des escrocs qui ont viré les rois pour prendre leur place et faire exactement pareil tout en prétendant que c'était différent! Personne n'a jamais cru à une nigauderie pareille mais tous ceux qui ont occupé le trône de nos rois ont fait tous les efforts possibles et même pas imaginables pour qu'on gobe leurs sornettes. Ils ont appelé ça, comment donc... Bougez pas, je vais demander à ma femme! Simone! Comment ils ont dit que ça s'appelait le régime avec toutes les guerres?
La démocratie, je crois! C'est un mot d'origine étrangère! Ça veut dire « guirlande électrique » en turc! A moins que ce soit du grec, et dans ce cas, ça voudrait dire « jeux du cirque ». Je ne sais plus trop! Tout le monde en parlait tout le temps si bien que j'avais cru que c'était une vedette de la télé et que tout le monde la connaissait sauf moi.
Vous voyez ce que je vous dit! Ils nous en ont fait avaler, des couleuvres... Ils ont commencé par dire qu'il n'y avait plus de trône mais que c'était une chaise, que les rois c'était du passé et que maintenant c'était des présidents, qu'avant les gens ne pouvaient que la fermer et que maintenant... Et bien pareil, on ne peut toujours pas l'ouvrir, et quand on l'ouvre quand même, ils n'écoutent pas! Si on manifeste, ils comptent n'importe comment ou ils divisent tout par dix! Si on manifeste trop souvent, ils attendent qu'on se lasse et si on ne se lasse pas, ça change rien: ils votent leurs lois quand même.
Ben, c'est quoi ce pays?
Maintenant, c'est le Sarkozistan! C'est l'empereur qui a régné au début du XXIème siècle qui a donné son nom au pays! Tout le monde rampait devant lui! Tout le monde, je vous dis. Il n'y avait qu'un seul parti autorisé: le sien. Les autres avaient été réduits au silence. Il a commencé par nous enlever toutes les libertés:
  • Les accès à internet ont été coupés les uns après les autres,
  • Les timbres-poste brûlés publiquement au son de « la marche consulaire »,
  • Les journaux ne devait contenir des articles écrits qu'avec quatorze lettres sur les vingt-six de l'alphabet, ils ont fini par être interdits,
  • Les élections ont été abandonnées, les isoloirs transformés en pissotières et les urnes en viviers pour l'élevage de mollusques,
  • Le Pape s'est installé au château de Versailles et a occupé le poste de Premier Ministre, c'est vous dire.
  • La laïcité est devenue catholique et ceux qui ne rentraient pas dans le moule ont été exilés sur l'île d'Elbe. Il paraît que c'était une vengeance personnelle... On n'a jamais bien compris l'allusion!
L'île d'Elbe, c'était le lieu du premier exil de Napoléon Bonaparte!
Bref, le gouvernement a équipé les CRS d'armures en tungstène et les déportations ont commencé avant même que la loi ne soit promulguée. Ils ont organisé des rafles et ils ont parqué sur cette île :
  • les musulmans (une directive européenne avait rendu obligatoire le saucisson et le vin rouge à tous les repas, sauf sur cette île),
  • les athées (ils osaient dire que la laïcité ne pouvait pas être catholique)
  • les pirates (on regroupait dans cette catégorie tous ceux qui n'étaient ni athées, ni musulmans mais dont on ne voulait plus),
  • les syndicalistes, les journalistes, les manifestants,
  • les écologistes (qui prétendaient empêcher les industriels à la solde du gouvernement d'empoisonner la population avec leurs produits)
  • les photographes (convaincus d'espionnage, c'est ainsi que tous les photomatons sont arrivés sur l'île)
  • les instituteurs et institutrices même retraités (à titre préventif)
  • tous ceux qui refusaient de se confesser une fois par semaine comme la loi l'exigeait.
Il ne doit plus y avoir de place sur l'île d'Elbe pour y passer ses vacances!
Toutes les îles autour du pays sont pleines à craquer. Ils en sont arrivés à vouloir viabiliser l'île de Mo. Vous ne la connaissez peut-être pas! Mo comme Micro ordinateur! Après les lois Loppsi 218 et Hadopi 2015, tout ce qui tournait autour de l'informatique a été interdit, saisi et déversé au large de la bretagne, à 50 km du littoral. Les téléviseurs, magnétoscopes, lecteurs de DVD, Blue ray, les radios, les baladeurs, bref toute la hifi, a rejoint ce dépotoir marin. La surface émergée est aussi grande qu'un département. Mais ils pourront pas y faire ce qu'ils voudront, trop problématique. L'île est dans les eaux internationales, des pécheurs de coquilles saint-jacques, poursuivis par la marine, s'y sont échoués. Ils ont été contraint à l'exil et pour se venger, ont déclaré leur indépendance. C'est là que ça s'est gâté!
  • Notre gouvernement a dit que c'était lui qui l'avait fabriquée grâce aux lois répressives!
  • Bill Gates, malgré son grand âge au moment des faits, s'est proclamé Impérator parce que l'île était faite en partie avec des ordinateurs équipés de versions de Windows (TM).
  • Les chinois ont voulu y planter leur drapeau parce que tout avait été fabriqué chez eux!
  • Les japonais aussi parce que les chinois avaient tout copié chez eux!
  • Les anglais la revendiquent également parce qu'ils ne tolèrent pas qu'une île soit autrement que britannique.
  • Monaco a fait une tentative de débarquement mais c'était en bobsleigh!
  • Depuis la disparition de la Belgique, le roi des belges cherchait un lieu pour régner, il crut accoster sur l'île de Mo, mais c'était la rive du lac Baikal. Personne ne sait ce qu'il est devenu.
  • Le Danemark a voulu renommer l'île en Groenland pour s'en emparer mais les vrai groenlandais, indépendants désormais, la revendiquent puisque c'est chez eux!
  • Les russes ont essayé de faire atterrir une station Mir mais elle s'était déjà écrasée sur la tour Eiffel après que la prophétie de Paco Rabanne se soit réalisée trente ans après la date.
  • Le Vatican a prétexté une apparition,
  • Venise y a élu un doge,
  • Israël y a envoyé des colons mais l'autorité Palestinienne les a coiffé au poteau.
  • Il n'y a pas un pays, pas un membre des anciennes familles royales déchues, pas un original qui ne soit sur le liste des prétendants à la souveraineté.
Ce que vous me dites est terrible!
Ah, mon pauvre monsieur! On vois bien que vous n'êtes pas d'ici ou de ce temps-ci! Normalement, je devrais vous dénoncer au substitut du désimigrateur depuis une de ces cabines de désimigration qui se trouvent à chaque coins de rue!
Pardon?
Il faut que je vous donne une chronologie sommaire des événements depuis la fin de l'année 2010.
  • Il y a eu le coup d'état de mars 2012, les lois liberticides et sécuritaires de septembre 2012, la révocation des préfets trop souples, la transformation des compagnies de CRS en Armée du Nouvel Ordre sous les ordres directs du Président.
  • La création d'un ministère de la désimigration, du secrétariat d'état à l'identité française et nationale, le début de la reconstruction du Palais des Tuileries, en 2013.
  • La nomination des Désimigrateurs (un par département) qui avait rang de préfet, ainsi que 4200 substituts du désimigrateur (un par canton) en janvier 2014.
  • La construction des cabines de désimigration à tous les coins de rue, avec un quota de rentabilité obligatoire (chaque personne majeure devait dénoncer trois personnes par mois dans ces cabines) de février à novembre 2014.
  • Les grandes émeutes et les répressions du 14 et du 15 juillet 2015, la déportation des comdamnés en terre Adélie, l'inauguration du palais des Tuileries en Octobre.
  • L'établissement de l'état d'urgence en 2017,
  • Le rétablissement d'un régime national-impérialiste en 2020,
  • Plusieurs vagues d'autodafés antidémocratiques et prétendus néo-républicains entre 2022 et 2025,
  • La divinisation du Grand Théocrator Impérial Nicolaon Zéro par le souverain pontife Benoît XIX.
Vous vous moquez de moi, là?
Tout dépend de vous, mon brave monsieur! Si vous ne voulez pas que tout cela se produise, vous devez vous inscrire sur les listes électorales si ce n'est pas encore fait, vous tenir au courant de l'actualité sur toutes les sources disponibles, ne pas croire bêtement ce que disent les journaux télévisés et vous impliquer en votant. Faites de la publicité autour de vous. Il y a une alternative au « Nouvel Ordre Mondial » et c'est à vous de l'imposer. Ne vous laissez par bercer par le chant des sirènes médiatiques qui veulent vous faire admettre que résister est inutile et que vous ne pouvez rien changer: tout peut toujours changer, il suffit de le vouloir!

vendredi 17 décembre 2010

Le Nouvel Ordre Mondial, vu par Nicolas Sarkozy.

L'idée d'un complot planétaire est tenace, il a autrefois porté le nom d'Agartha, aujourd'hui, il semblerait que ce soit celui de « Nouvel Ordre Mondial ». J'ai donc fait une recherche sur le site officiel de l'Elysée, dans tous les discours de Son Excellence le Président de la République Française (voir note en fin de texte) et j'y ai relevé tous les passages où cette expression apparaissait et je les ai surlignés en rouge.
Début des citations.

Un nouvel ordre mondial pour le XXIème siècle. « Ensemble, la France et le Mexique doivent s'unir pour bâtir une nouvelle gouvernance internationale. Je plaide sans relâche au nom de la France pour l'ouverture du G8 aux grands pays émergents et pour sa transformation en G14 ».

« Cette crise marquera sans doute pour l'histoire le commencement véritable du XXIe siècle, le moment où tout le monde aura compris qu'il était temps de changer, temps de donner un nouveau visage à la mondialisation, temps de construire un nouvel ordre mondial, politique, économique, social, assis sur de nouveaux principes et de nouvelles règles. »

Mes chers compatriotes, même si les épreuves ne sont pas terminées, 2010 sera une année de renouveau. Les efforts que nous faisons depuis deux ans et demi vont porter leurs fruits. Dans ce moment si crucial nous devons rester unis comme nous avons su l'être au plus fort de la crise. C'est cette unité qui nous a permis de prendre l'initiative d'entraîner les autres. Les idées que la France défend vont pouvoir s'imposer dans la recherche d'un nouvel ordre mondial : plus d'équilibre, plus de régulation, davantage de justice et de paix. Ces idées nous imposent un devoir d'exemplarité. Respectons-nous les uns les autres, faisons l'effort de nous comprendre, évitons les mots et les attitudes qui blessent. Soyons capables de débattre sans nous déchirer, sans nous insulter, sans nous désunir.

« Il faut un nouvel ordre mondial fondé sur une nouvelle régulation qui mette, comme la France l'a proposé, le droit de la santé, du travail, de l'environnement à égalité avec le droit du commerce afin que tous les citoyens se sentent raisonnablement protégés. »

Mesdames et Messieurs, mes chers collègues, les risques de crise les plus graves, si nous nous laissons aller à l'immobilisme, ne sont pas derrière nous, ils sont devant nous. Nous sommes dans un de ces moments de l'Histoire où les décisions politiques engagent profondément l'avenir et pour longtemps. Nous n'avons pas le choix, nous devons prendre des risques parce que le plus grand risque aujourd'hui serait de ne rien faire, de nous laisser porter par la force des habitudes, de penser que nous avons le temps. Du temps, la France est venue vous dire que nous n'en avons plus. Mesdames et Messieurs, je souhaite que cette année 2009 soit celle de la refondation d'un nouvel ordre mondial plus juste, plus efficient, dans lequel chacun d'entre vous pourra se reconnaître.

Oui, nous avons des intérêts et oui, nous les défendons. C'est bien normal et personne ne cherche à le nier. Mais le partenariat qui nous lie est beaucoup plus profond : au fondement de notre amitié, il y a d'abord un attachement à des valeurs communes : la démocratie, la liberté, les droits de l'Homme. Avec le Brésil, nous partageons aussi une même vision du monde et de ses enjeux. Ensemble, nous portons l'idée d'un nouvel ordre mondial plus juste et plus solidaire.

Naturellement, on ne règlera rien si on ne règle pas d'abord la question du capitalisme financier qui impose à l'économie et à la société son propre système et ses propres normes. Les réunions du G20 à Washington et à Londres resteront dans l'Histoire comme des étapes décisives dans la reconstruction d'un nouvel ordre mondial. À condition que les engagements qui y ont été pris soient tenus. Déjà beaucoup de choses ont changé, je pense en particulier aux paradis fiscaux. Mais dans beaucoup de domaines, il faudra aller beaucoup plus loin pour reconstruire un système financier qui finance davantage les entrepreneurs que les spéculateurs.

J'appelle aussi l'attention sur la nécessité qu'il y a à avancer sur la réforme -- oserai-je dire la refondation ? -- du système monétaire international. Comment ne pas voir que c'est toujours le travail qui paye le premier les conséquences du désordre monétaire ? Comment ne pas voir que dans la déloyauté de la concurrence mondiale ce sont les monnaies qui jouent aujourd'hui le rôle le plus important ?
Il faudra bien qu'à l'avenir le G20 se saisisse aussi de cette question. Comme il faudra bien qu'il prenne davantage en compte la dimension sociale de la crise et du nouvel ordre mondial qu'il entend contribuer à construire.

Le Président de la République a redit les objectifs spécifiques portés par la France pour renforcer le volet social de la mondialisation. Il a réaffirmé son ambition de soutenir la voix de l'Organisation internationale du travail dans le débat qui s'est ouvert sur la définition d'une nouvelle gouvernance au niveau mondial, afin que la reconnaissance du travail et de la protection sociale soient au cœur des règles qui constitueront, demain, l’armature d'un nouvel ordre mondial.

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, nous le savons : l'année 2009 sera une année de très grandes difficultés, sans doute l'une des plus difficiles depuis des décennies, sur le plan économique et donc sur le plan social, sur le front de la guerre et de la paix, dans ce vaste arc de crise qui va du Proche-Orient au Pakistan. Sur le plan diplomatique, difficultés aussi : la réussite indispensable du sommet du G20 de Londres en avril et la conclusion, elle aussi indispensable, de la négociation sur le climat, à Copenhague en décembre.
Mais l'année 2009 peut aussi être une année fondatrice. 2009 peut être l'année de naissance d'un nouveau capitalisme, d'un nouvel ordre mondial, une année de progrès décisifs vers la paix. Cela ne dépend que de notre volonté : voulons-nous subir la crise ou voulons-nous rebondir grâce à la crise ?
2009 pourrait enfin être marquée par une certaine évolution de la hiérarchie des puissances, selon qu'elles sauront ou non, par des choix judicieux et courageux, faire face à la crise en préparant l'avenir, en s'attaquant à leurs points faibles, en renforçant leurs atouts dans la compétition mondiale, en protégeant mieux les plus vulnérables pour préserver la cohésion sociale. C'est précisément ce qu'avec le Premier ministre et le gouvernement nous nous efforçons de faire pour la France et que nous nous sommes efforcés de faire pour l'Europe.

La crise mondiale, il faut que nous lui apportions une réponse mondiale. J'en appelle à tous les gouvernements. Aucun d'entre nous n'en sortira en faisant sa propre politique dans son coin, isolé de ce que font les autres, aucun. Nous avons besoin du dynamisme de chacun pour deux choses. La première : trouver un nouveau système de régulation. Ce sera l'enjeu du sommet de Londres. Je puis vous dire une chose : l'Europe aura une position commune et forte. Je puis vous dire une deuxième chose : nous n'accepterons pas un sommet qui ne décidera pas. Je puis vous dire une troisième chose : on ira ensemble vers ce nouvel ordre mondial et personne, je dis bien personne, ne pourra s'y opposer.

Et c'est au fond un nouveau rapport entre la démocratie et l'économie qui se dessine. C'est une révolution intellectuelle et morale qui est en train de s'opérer et qui va continuer. On ne pourra pas, après cette crise, continuer de gouverner le monde avec les outils, les institutions, les idées du passé. Je vous le dis : cette crise marquera sans doute pour l'Histoire le commencement véritable du XXIe siècle, le moment où tout le monde aura compris qu'il était temps de changer, temps de donner un nouveau visage à la mondialisation, temps de construire un nouvel ordre mondial, politique, économique, social, assis sur de nouveaux principes et de nouvelles règles.

Ce qui s'est passé en Europe depuis trois semaines montre que la volonté politique, c'est ce qui est le plus important. On disait que l'Europe était en panne, qu'elle était paralysée et voilà qu'elle a su trouver son unité face à la crise, au point, mes chers compatriotes, que l'Europe est devenue la principale force d'initiative et que c'est maintenant autour de ses idées et de ses propositions que le débat s'organise. Qui l'eût dit, qui l'eût cru, il y a encore quelques semaines ? Voilà donc une Europe qui se met à exister parce qu'elle se montre capable de parler d'une seule voix, pour faire valoir ses idées, ses valeurs, ses convictions, ses intérêts. La réponse la plus forte à la crise financière, c'est l'Europe qui l'a donnée. Le sommet mondial pour refonder le capitalisme, c'est l'Europe qui l'a proposé. Le nouvel ordre mondial, c'est autour des propositions de l'Europe qu'il se construira.
Mais l'Europe ne doit pas s'arrêter là. Le mouvement est lancé, il faut le poursuivre. Il faut que l'Europe se donne les moyens de jouer le rôle qui doit être le sien dans le monde nouveau qui est en train de naître. Il faut que l'Europe se prépare. Il ne faut pas qu'elle soit la variable d'ajustement du nouvel ordre mondial. Il ne faut pas qu'elle soit naïve, il ne faut pas qu'elle laisse ses entreprises à la merci de tous les prédateurs, il ne faut pas qu'elle soit la seule au monde à ne pas défendre ses intérêts, à ne pas protéger ses citoyens. Il faut que l'Europe tire les leçons de ce qui s'est passé. Dans le monde qui vient, elle aura besoin d'un plus grand volontarisme que par le passé.

Lancer un appel pour un « New Deal écologique et économique », c'est-à-dire pour inventer le « nouvel ordre mondial du XXI ème siècle » fondé sur la moralisation du capitalisme financier, une plus juste répartition des profits et sur une meilleure prise en compte du défi environnemental. Sa participation au Sommet sur le climat lui a permis de témoigner de la priorité accordée par la France à la lutte contre le réchauffement climatique.

Et si la France veut être fidèle à son histoire, elle doit combattre pour la justice. Je vais d'ailleurs plus loin en disant que je ne vois pas comment nous pourrions continuer à attendre. À attendre quoi d'ailleurs ? La réforme du Conseil de sécurité des Nations unies : nous ne pouvons pas continuer à avoir comme seuls membres du Conseil de sécurité des Nations unies les Nations victorieuses de la seconde moitié du XXe siècle. Il faut élargir le nombre de membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies et à l'évidence, l'Inde doit être un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.
J'avoue d'ailleurs ne pas comprendre pourquoi le prochain sommet du G8 qui se tiendra à Tokyo ne se transforme pas immédiatement en G13 ou en G14. J'entends bien que nos amis japonais peuvent avoir tel ou tel problème à y inviter un pays voisin. Mais ce n'est pas parce qu'on ne les invite pas qu'ils n'existent pas. Cela n'a donc pas de sens de ne pas les inviter. Plus tôt nous nous doterons de ce nouvel ordre mondial, plus tôt nous pourrons poser les bases d'un monde stable et en paix.

À l'ONU, au nom de la France, j'ai proposé un New Deal écologique et économique planétaire comme la condition d'un nouvel ordre mondial. Ce nouvel ordre, la Russie et la France, en unissant leur force et leur volonté, peuvent contribuer de façon décisive à le construire. La Russie a son identité propre, elle a sa spécificité. Mais la Russie et l'Europe doivent travailler ensemble, doivent se comprendre, doivent collaborer, doivent s'entraider. La Russie et la France, unies par une même volonté, par les valeurs de civilisation qu'elles ont en commun, peuvent convaincre le monde entier de la nécessité de vivre en paix.
Je veux parler ici au nom de toute l'Europe, et pas seulement de la France. Je veux dire à la Russie, au nom de l'Europe, que lorsque l'Europe et la Russie s'affrontent, elles s'affaiblissent mutuellement. Nous avons tout à perdre d'un affrontement entre nous. Je veux dire à la Russie, je veux dire à la jeunesse russe, que lorsque le fossé se creuse entre l'Europe et la Russie, ni l'une ni l'autre ne sont en mesure de peser de façon décisive sur les affaires du monde. L'Europe a besoin de la Russie.

C'est l'esprit même de l'organisation des Nations Unies qui n'est pas l'expression d'une idéologie, d'une religion, d'une croyance particulière mais qui réunit toutes les idéologies, toutes les religions, toutes les croyances à travers ce que chacune d'elles a d'universel, à travers ce qui dans chacune d'elles s'adresse à tous les hommes. Et c'est pour cela qu'elle est le seul endroit du monde où tous les hommes peuvent se parler et se comprendre. C'est l'esprit même du combat que la France entend poursuivre avec tous les hommes de bonne volonté qui dans le monde veulent bâtir le nouvel ordre mondial du XXIe siècle sur le respect de l'autre. C'est sur ce principe du respect de l'autre, que le Liban pourra vivre. La France sera toujours à ses côtés. C'est sur ce principe que demain Israéliens et Palestiniens trouveront en eux la force de vivre en paix. La paix est possible. J'y crois. J'y mettrai toute mon énergie. C'est sur ce principe que pourra s'instaurer la coexistence pacifique des grandes religions. C'est par lui que seront vaincus les intégrismes et les fanatismes.

Au nom de la France, j'appelle tous les Etats à se réunir pour fonder le nouvel ordre mondial du 21ème siècle sur l'idée que les biens communs de l'humanité doivent être placés sous la responsabilité de l'humanité toute entière.
Au nom de la France, je lance un appel solennel aux Nations Unies pour que, dans ce siècle marqué par le retour de la rareté, elles se donnent les moyens d'assurer à tous les hommes l'accès aux ressources vitales, à l'eau, à l'énergie, à l'alimentation, aux médicaments, à la connaissance.

Pour la première fois depuis son élection, Nicolas Sarkozy prend la parole devant l'Assemblée générale des Nations Unies. S'exprimer à la tribune de l'ONU a toujours une signification particulière pour un chef d'Etat. A travers les représentants des 192 pays membres de l'Organisation, c'est à la planète entière que l'on s'adresse. « Je veux m'adresser à la conscience de tous ceux qui ont une responsabilité dans la conduite des affaires du monde », déclare le Président français. « Au nom de la France, j'appelle tous les Etats à se réunir pour fonder le nouvel ordre mondial du 21ème siècle », poursuit-il avant d'appeler à un « New Deal écologique et économique ». Le Président réaffirme également son engagement en faveur d'une réforme de la gouvernance mondiale : « dans ce monde où le sort de chacun dépend de celui des autres, l'ONU ne doit pas être affaiblie, l'ONU doit être renforcée. Et la réforme de l'ONU pour l'adapter aux réalités de ce monde est, pour la France, une priorité absolue. Nous n'avons pas le temps d'attendre. » 

Fin des citations. 
Note: les autres titres et privilèges (parfaitement officiels) du Président de la République Française sont les suivants: proto-chanoine de la cathédrale Notre-Dame d'Embrun, chanoine honoraire de la cathédrale de Saint-Jean-de-Maurienne, chanoine ad honores de Saint-Hilaire de Poitiers, de Saint-Julien du Mans, de Saint-Martin de Tours, de Saint-Maurice d'Angers, de Saint-Jean de Lyon, de Saint-Étienne de Châlons et de Saint-Germain-des-Prés, protecteur de l'Académie française, coprince d'Andorre, premier et unique chanoine d'honneur » de l'Archibasilique Saint-Jean de Latran.

mercredi 15 décembre 2010

Vu sur Internet, la censure a déjà commencé!

Publié par
Olivier B
post non vérifié par la rédaction

Un blog anti-Sarko censuré ?

jamaisjj_Depuis samedi, plus aucun nouveau message n'a été posté sur le blog Torapamavoa,"fournisseur officiel de contenu anti-Sarkozy". Lorsque ses auteurs tentent d'ajouter un nouvel élément s'affiche le message suivant : "Ce blog a été verrouillé en raison d'une possible violation des Conditions d'utilisation de Blogger. Vous ne pouvez pas publier de nouveau message tant que ce blog n'a pas été examiné et déverrouillé. Ce blog sera supprimé dans 20 jours à moins que vous ne demandiez une vérification." Malgré des mails répétés de demandes d'explication à Blogger, la plate-forme d'hébergement de Google, aucune réponse n'est parvenue aux administrateurs du blog.






Dans les contenus récemment ajoutés, rien d'illégal ni de plus "outrageant" que les sujets habituellement traités par ce site résolument satirique. Devant l'absence de réaction de Blogger/Google face aux appels au secours des "torapamavoyens", comme ils se nomment, ces derniers invitent les internautes à protester à l'adresse mail suivante : adsense-support@google.com ou support@google.com.

Ne laissons pas fermer sans aucune explication un site classé 90ème blog politique français (par Wikio) et qui reçoit en moyenne, au bout d'un an d'existence, quelque 105 660 visiteurs par mois ! Censure politique ou incompétence des services techniques ? Quoi qu'il en soit, exigeons la réouverture de Torapamavoa.

dimanche 12 décembre 2010

Démocratie associative, question de sémantique.

Le groupe de mots démocratie associative n’est pas relevé dans le Trésor de la Langue française, ni à l’article démocratie, ni à l’article associatif. En revanche, sont cités démocratie autoritaire, directe, libérale, parlementaire, représentative, semi-directe, économique et sociale, politique, populaire, chrétienne. L’adjectif associatif est formé sur le verbe associer auquel a été ajouté le suffixe –atif, variante du suffixe -if. C’est un mot récent. Il a une histoire établie. Il est attesté pour la première fois à la fin du XVe siècle, dans un ouvrage savant, au sens de "qui associe", dans cause associative. L’attestation est unique. Pendant quatre siècles, l'adjectif est sorti de l’usage. Il est ignoré de Littré dans son Dictionnaire de la Langue française (seconde moitié du XIXe siècle) et des huit premières éditions du Dictionnaire de l’Académie française (1694-1935). A la fin du XIXe siècle, il est ressuscité comme concept de mathématiques.
Les Académiciens n’y consacrent un article que dans la neuvième édition, en cours de publication, de leur Dictionnaire. Associatif est en usage en psychologie, où il a le sens de "qui procède par association d’idées" comme la mémoire et, en mathématiques, où il signifie "dont le résultat n’est pas affecté par l’ordre dans lequel on réalise l’opération". Ainsi l’addition et la multiplication sont associatives (4 + 2 ou 2 + 4, 7 x 3 ou 3 x 7 donnent le même résultat) ; la soustraction et la division ne sont pas associatives. L’adjectif est aussi en usage dans la langue commune : il signifie alors "qui se rapporte aux associations et à leurs activités". Ainsi, un quartier est animé ou vivant quand la vie associative y est intense. Très étrangement, cet emploi courant d’associatif n’est pas relevé dans le Trésor de la Langue française (1972-1994). Seuls les sens qu’a cet adjectif en mathématiques et en psychologie sont expliqués et illustrés d’exemples.
La démocratie associative est donc, si l’on se fonde sur le sens du Dictionnaire de l’Académie française, la démocratie qui a pour fondement les associations régies par la loi de 1901 qui a établi la liberté d’association. Elle se distingue de la démocratie représentative qui est la règle dans les pays libres depuis un siècle et demi environ et qui est dite représentative, parce que le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif sont confiés à des élus qui tiennent leur mandat et leur légitimité des citoyens qui leur ont délégué leur souveraineté et qu’ainsi ils représentent. Cette démocratie, la seule qui en soit une, est l’objet d’incessantes attaques de la part des partisans des avancées significatives. Qualifiée par mépris de bourgeoise, parlementaire, formelle (elle est censée n’exister que dans les formes et être sans contenu, parce que le vote se fait à bulletin secret et après des débats préalables), elle a été jugée mille fois inférieure à la tyrannie léniniste, parfaite et qui a été affublée tantôt du nom de démocratie populaire, tantôt de démocratie socialiste. Quand il fut avéré que cette démocratie n’était qu’une infâme tyrannie criminelle, la critique a évolué. De bourgeoise, la démocratie honnie s’est muée en représentative. Il lui a été imputé d’innombrables péchés : elle représente surtout les beaux quartiers et les propriétaires au détriment des citoyens les plus pauvres, en particulier les ouvriers de banlieue. De fait, le pays légal ne correspondrait pas au pays réel et la majorité sociologique faite d’ouvriers, d’employés, de jeunes serait condamnée à rester une minorité, dominée bien entendu ou silencieuse. En fait, ces critiques ne font que traduire le ressentiment des progressistes. La démocratie représentative qui leur était défavorable, ils ont rêvé de la remplacer par la démocratie associative.
L’idéologue le plus connu de la démocratie associative est Paul Hirst, auteur d’Associative Democracy, New Forms of Economic and Social Governance (1994). Comme il se doit, il est professeur d’université et américain : c'est donc un prophète de la modernité. Il fait de la démocratie associative une alternative au libéralisme ou au socialisme, également pervers à ses yeux. Elle serait proche des citoyens, même si les associations sur lesquelles elle est fondée n’ont pas de cotisants. Grâce à elle, l’intérêt général n’est plus de la responsabilité du seul État. Les associations forment la société civile, laquelle, par la grâce des associations, s’autogouverne et remplace l’Etat au cœur de la société. Ainsi, on en finit avec la centralisation bureaucratique. Le pouvoir est proche des gens, tout petit, sans arrogance : en un mot modeste.
L’avantage des associations est qu’elles fonctionnent sans adhérents à jour de leur cotisation, avec uniquement de l’argent public détourné de ses fins, et qu’elles peuvent être manipulées, lors d’assemblées générales squelettiques, par trois agitateurs professionnels. Dès 1981, quand les progressistes ont exercé le pouvoir auquel ils aspiraient depuis si longtemps, ils ont prodigué aux associations des aides, crédits, subventions de toutes sortes. Dans un livre publié en 1996 aux éditions Denoël et insolemment intitulé Associations lucratives sans but, Patrick Kaltenbach évalue à 400 milliards de francs le total des subventions, aides, crédits, etc. qui étaient alors distribuées par l’Etat aux associations et qui le sont toujours, sans compter la manne qui tombe des régions, départements, communes et autres collectivités : d’où l’adjectif lucratives dont elles sont qualifiées. Elles n’ont pas d’autre but que le lucre ou le détournement de la volonté populaire au profit de requins.
La démocratie socialiste est une tyrannie, la démocratie associative ne vaut pas mieux. Pour être influentes, les associations n’ont pas besoin d’autres adhérents que ceux qui les dirigent et elles n’existent qu’avec les subventions qu’elles perçoivent. N’ayant que des dirigeants qui se cooptent ou s’auto-élisent, elles sapent la démocratie. Elles se muent en groupes de pression, lobbies, forces occultes, sociétés secrètes ou en mafias, lesquelles sont plus promptes à s’associer que n’importe qui. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que le premier parti de France soit formé de citoyens qui s’abstiennent aux élections et que les partis qui exercent le pouvoir depuis un quart de siècle regroupent moins d’un tiers des électeurs inscrits. La démocratie socialiste et la démocratie populaire n'ont pas pu abattre la démocratie : les "associations lucratives sans but" mais avec subventions y ont réussi. La raison d’être de la démocratie associative, à savoir écarter les citoyens de l’exercice du pouvoir, est effective.

samedi 11 décembre 2010

Le piège des jurys citoyens

(Attention! Cet article provient d'un site externe. Le lien vers le site d'origine figure à la fin du message.)


3 Juillet 2009 | Pierre-Olivier Arduin*
Lancés dans la discrétion début février, les états généraux de la bioéthique ont conclu leurs travaux à Paris le 23 juin. Le rapport des « jurys citoyens » devrait peser lourdement sur les débats parlementaires à venir.
En vue de préparer l’échéance de la révision de la loi de bioéthique du 6 août 2004, le chef de l’État a souhaité dés le début de son mandat que les citoyens français soient associés à la réflexion collective. La ministre de la Santé Roselyne Bachelot inaugurait ainsi en février dernier le fameux site Internet participatif www.etatsgenerauxdelabioethique.fr dont elle confiait l’animation à l’Agence de biomédecine.
En juin se sont tenus en outre trois forums régionaux citoyens dont la fonction était de revisiter les grands champs de la législation : la recherche sur l’embryon et la question de l’eugénisme à Marseille, la gestation pour autrui (autrement dit les mères porteuses) et l’assistance médicale à la procréation à Rennes, enfin la problématique du don d’organes et la médecine prédictive à Strasbourg. Dernier aspect témoignant de la fièvre bioéthique qui s’est emparé de notre pays et qui a contribué à rythmer fortement ces cinq mois de délibération : la mise en place sur le terrain d’une multitude de rencontres et de colloques parrainés par le site officiel des états généraux.

Changement radicalPrésentés comme les différents aspects d’une authentique éthique de la discussion, les trois méthodes choisies par le gouvernement dont Jean Leonetti, le président du comité de pilotage des états généraux, a précisé qu’il fallait les voir comme « complémentaires l’une de l’autre [1] » n’appellent cependant pas les mêmes commentaires.
Dans un prochain article, nous reviendrons plus précisément sur l’analyse que l’on peut faire du triptyque qui a consisté à offrir aux Français un espace d’expression via le site participatif géré par l’Agence, à faciliter l’organisation de plus de 220 rencontres sur le territoire national sans oublier les travaux novateurs de la mission d’information parlementaire dans sa conduite des auditions d’experts invités à s’exprimer à l’Assemblée nationale. Autant de points positifs qui témoignent d’un changement radical par rapport à l’élaboration des premières lois de bioéthique votées dans un « silence assourdissant » pour reprendre la formule heureuse du cardinal Barbarin. Ces différents volets nous semblent d’ailleurs relever véritablement de l’éthique de la discussion telle qu’elle a été rigoureusement théorisée par le philosophe allemand Jürgen Habermas. N’en disons pas plus pour l’instant.
Dans le cadre de cet article, nous voudrions nous pencher exclusivement sur ce nouvel outil de « démocratie participative » qu’ont représenté les forums citoyens. En particulier voudrions-nous émettre quelques réserves quant au concept de jurys citoyens qui semble être devenu pour certains l’horizon indépassable d’une bioéthique moderne et décomplexée.
 
Démocratie participativeAu centre d’un concert de louange presque unanime, cette méthode de consultation publique est incontestablement une première dans notre pays. Recrutées par l’Ifop selon la méthode des quotas afin de représenter les populations de leurs régions respectives (Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Bretagne, Alsace), la quinzaine de personnes composant chaque jury citoyen a bénéficié d’une formation accélérée durant deux week-ends. Voulus comme neutres et objectifs, les exposés donnés à huis clos par des spécialistes soigneusement choisis pour leurs compétences étaient pour ces Français le premier contact avec les questions complexes posées par la réécriture de la loi. Éducatrice, mère de famille, étudiant, commerçant, retraité de la fonction publique, cuisinier,… les panélistes, comme on les appelle désormais, reconnaissent n’avoir guère eu l’occasion de réfléchir à ces sujets avant d’être sélectionnés, ce qui était d’ailleurs un des critères fondamentaux de désignation.
À l’issue de cette information, suivaient les trois grandes réunions publiques qui ont émaillé le mois de juin. Les jurés avaient préparé des questions à poser aux experts, les fameux grands témoins, convoqués tout autant pour leur professionnalisme que pour leurs convictions divergentes, et ce dans un souci d’équilibre et d’équité des débats. Avant de s’enfermer la journée suivante pour rédiger leurs recommandations figurant en bonne place dans le rapport très attendu des états généraux. Que penser de cette démarche présentée partout comme le nec plus ultra de la démocratie citoyenne et participative ?

Un problème de la compétenceOn a pu dire que les experts qui ont délivré la formation pouvaient orienter délibérément leur propos pour manipuler les jurés. Si ce risque n’est par définition jamais totalement absent dès lors qu’il y a transmission d’un savoir quel qu’il soit entre une personne qui sait et une personne inexpérimentée, nous pouvons cependant honnêtement convenir que d’une manière générale, les spécialistes nommés avaient toutes les qualités requises pour répondre avec sérieux à ce qui leur était demandé et éviter toute attitude d’emprise ou de domination sur les citoyens qu’ils avaient en face d’eux.
Quant au collège de grands témoins siégeant lors des journées publiques régionales, on peut être légitimement satisfait de leur composition équilibrée. A Rennes par exemple, Geneviève Delaisi de Perceval, psychanalyste militante de la cause des mères porteuses affrontait sur ce terrain Sylviane Agacinski, une des voix les plus fortes aujourd’hui en France pour s’y opposer. Philippe Menasché à Marseille, impliqué dans des programmes de recherche sur l’embryon avait à ses côtés Jacques Testard qui a redit tout le mal qu’il pensait de ces études. Nos doutes ne se situent donc pas de ce côté.
Sans aucunement leur faire injure, comment penser que de simple profanes en la matière puissent remettre après quelques heures d’information des avis éclairés sensés représenter l’opinion publique française sur des thèmes aussi compliqués que la recherche sur l’embryon ou le don d’organes ? C’est bien là que le bât blesse. Certains ont proposé d’ailleurs que la formation s’étale sur une année comme dans les pays scandinaves qui mettent en œuvre cette pratique depuis plusieurs années. Oui, mais les autorités ne feraient-elles pas de ces citoyens de nouveaux experts ? Or, c’est justement cela que le comité de pilotage voulait éviter. Il s’agissait bien ici de donner la parole à monsieur-tout-le-monde pour que le débat ne soit pas confisqué par les spécialistes, expression qui a été déclinée sur tous les tons pendant la durée des états généraux. Rappelons que les nations du nord de l’Europe tirent au sort des citoyens volontaires en équilibrant en amont l’agencement du panel : ils considèrent en effet qu’il n’existe pas de citoyens qui seraient des terres vierges sur le plan éthique mais que chacun a intériorisé des normes sociales spécifiques qui entreront en collusion avec celles des autres.
Bien sûr, on peut se féliciter que les panélistes aient rejeté avec force la légalisation de la gestation pour autrui ou l’ouverture des techniques d’AMP aux couples homosexuels. Cela étant, même sur ce dernier point, la position avancée par les citoyens ne dissipe pas complètement toute inquiétude. Alain Graf, rapporteur général des états généraux, a précisé dans la synthèse qu’il a donnée le 23 juin que les jurés de Rennes, s’ils avaient opté pour que l’AMP reste une réponse médicale en la réservant à des couples hétérosexuels infertiles, s’étaient prononcés également à l’unanimité en faveur de l’homoparentalité au nom du principe de non discrimination. On mesure ainsi la fragilité du raisonnement : une fois que le législateur aura accédé aux revendications d’adoption par des couples homosexuels, il sera très difficile de ne pas satisfaire leurs désirs de bénéficier des méthodes d’AMP au même titre que les couples hétérosexuels, au nom justement du principe d’égalité et de non-discrimination !

La dictature des bons sentimentsLors du Forum de Marseille, de nombreux participants dans la salle, en grande majorité initiés aux enjeux bioéthiques si l’on en croit les qualifications de l’auditoire fournies par le comité d’organisation, ont exprimé une certaine déception tant la persistance d’importantes lacunes était palpable chez des jurés sensés définir le nouveau régime législatif de la recherche sur l’embryon. Un panéliste a pu résumer ainsi le degré de réflexion du jury par un raccourci saisissant : pourquoi les couples qui ont bénéficié des bons et loyaux services des scientifiques pour donner satisfaction à leur désir d’enfant ne leur offriraient pas en retour les embryons dont ils ne veulent plus lorsque tout projet parental s’est éteint ? Pas un seul spécialiste, même très favorable à la recherche embryonnaire, n’avait jusqu’ici osé proférer un tel raisonnement. Il a fallu que certains des grands témoins présents rappellent que l’embryon n’était pas une chose dont on pouvait se débarrasser aussi facilement.
Dans le même ordre d’idée, l’Agence d’information Genethique a souligné combien les cellules iPS avaient été les grandes oubliées de cette réunion publique alors même qu’elles révolutionnent complètement le champ de la médecine régénératrice et par voie de conséquence la révision de la loi elle-même [2]. Est-ce parce que les aspects proprement scientifiques de la recherche sur les cellules souches, et singulièrement la méthode de reprogrammation cellulaire, sont difficiles à expliquer en quelques secondes à des personnes non rompues à ce genre d’exposés ? Quoi qu’il en soit, le jury de Marseille s’est fort logiquement prononcé en faveur d’une autorisation claire et sans ambiguïté de la recherche sur les embryons surnuméraires dépourvus de projet parental. Est-ce en raison de cette position très libérale qu’Axel Kahn a évoqué le regard « frais et décapant de ces citoyens jurés » qui lui ont paru « plus libres avec moins de tabous [3] » que les spécialistes ?
« Ne pas tenir compte de votre avis avant d’écrire la loi serait une erreur politique et une faute morale. À côté des rapports du CCNE, du Conseil d’État, de l’Agence de biomédecine, de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques, il y aura le rapport des états généraux… à côté, plutôt au-dessus », a déclaré, enthousiaste, Jean Leonetti, lors de la cérémonie de clôture du processus à Paris. « Plus jamais on ne pourra faire un débat de société suivi d’une loi qui engage nos repères ou nos valeurs sans renouveler cette expérience de démocratie participative réelle » a-t-il ajouté. Ce qui peut légitimement inquiéter au vu de ce que nous venons de dire sur l’homoparentalité : ses promoteurs peuvent désormais s’appuyer sur l’avis « éclairé » des citoyens pour faire avancer leur cause au moment où sera rediscutée la question du statut du beau-parent prévue à la fin de l’été. Plusieurs observateurs notent qu’Alain Claeys, président de la mission d’information sur la révision de la loi, a certainement eu raison de monter au pupitre à Paris, bousculant le déroulement prévu, pour rappeler que seul le Parlement était à même de légiférer et que les « jurys citoyens » ne sauraient être appréhendés comme une enceinte de décision.

A priori, le bien n’existe pasLe risque est en effet que le formalisme de la démarche sacrifie les enjeux de fond. Le caractère moral des décisions des jurés n’est vu qu’à l’aune du respect de la procédure. Quand les hommes ne savent plus où est le bien et à quelles valeurs se vouer, il ne leur reste plus qu’à faire de l’éthique une procédure sensée rendre juste la décision qui clôt la discussion.
« L’éthique n’est pas le bien ou le mal, le vrai ou le faux et la question n’est pas de savoir qui a tort ou raison », a-t-on pu entendre à Paris. La vérité n’est plus que le résultat d’un hypothétique consensus qui pourrait tout aussi bien être remis en cause quelques mois plus tard. Tant mieux si l’accord trouvé rejoint les principes cardinaux de dignité et de non disponibilité du corps dans le cas de la gestation pour autrui. Tant mieux si le bon sens est encore au rendez-vous.
Cependant le danger est réel que l’opinion instantanée d’un jury, à laquelle se lierait par avance le législateur, ruine ces mêmes principes sur d’autres questions et soit brandie comme l’incarnation toute-puissante de la vox populi. Les conclusions en faveur de l’homoparentalité ou de la levée de l’interdit de principe de la recherche sur l’embryon ne sauraient constituer des arguments de poids sous prétexte que ce sont des jurys de quelques personnes tirées au sort qui les ont rendues. La méthode des panels ne saurait être une instance adéquate pour produire et justifier des valeurs qui obligerait tous les citoyens. Finalement, y a-t-il un sens à revendiquer a priori l’absence de toute conception de bien ou de vérité en faisant de l’accord citoyen une norme morale qui pourrait s’imposer à l’avenir au législateur ?

mercredi 1 décembre 2010

Qui sont les sages qui siègent au Conseil Constitutionnel?

Voici la liste officielle des membres du Conseil Constitutionnel. Les notices biographiques sont issues de Wikipédia.
J'ai un petit faible pour la biographie de Michel Charasse, particulièrement truculente. Lisez, vous comprendrez...

Jean-Louis DEBRÉ, nommé par le Président de la République en février 2007
Valéry GISCARD D'ESTAING, membre de droit
Jacques CHIRAC, membre de droit
Pierre STEINMETZ, nommé par le Président de la République en février 2004
Jacqueline de GUILLENCHMIDT, nommée par le Président du Sénat en février 2004
Renaud DENOIX de SAINT MARC, nommé par le Président du Sénat en février 2007
Guy CANIVET, nommé par le Président de l'Assemblée nationale en février 2007
Michel CHARASSE, nommé par le Président de la République en février 2010
Hubert HAENEL, nommé par le Président du Sénat en février 2010
Jacques BARROT, nommé par le Président de l'Assemblée nationale en février 2010
Claire BAZY-MALAURIE, nommée par le Président de l'Assemblée nationale en août 2010

1: Jean-Louis Debré, né le 30 septembre 1944 à Toulouse, est un homme politique français. Ancien président UMP de l'Assemblée nationale, il préside le Conseil constitutionnel depuis le 5 mars 2007.
Jean-Louis Debré est le fils de Michel Debré, ancien Premier ministre, et le frère (faux jumeau) de Bernard Debré, médecin et député. Il est aussi le petit-fils du pédiatre Robert Debré et, du côté de sa mère, de l'architecte Charles Lemaresquier. Il est également le neveu du peintre Olivier Debré. Enfin, il est l'arrière-petit-fils du grand rabbin Simon Debré (1854-1939). Avec son épouse Anne-Marie Debré, décédée le 21 juillet 2007, il a eu trois enfants : Charles Debré, le journaliste Guillaume Debré et la comédienne Marie-Victoire Debré.
C'est sans le baccalauréat mais avec une capacité en droit qu'il obtient une licence en droit qui lui permettra de poursuivre sa carrière. Licencié en droit, titulaire d'un diplôme d’études supérieures de droit public et d'un diplôme d’études supérieures de sciences politiques, il est docteur en droit public avec une thèse consacrée aux "Idées constitutionnelles du général De Gaulle", ancien élève de l’Institut d'études politiques de Paris, Jean-Louis Debré est magistrat et notamment juge d'instruction chargé des affaires de terrorisme dans les années 1980. Il traite ainsi des affaires concernant le terroriste Carlos.
Il est conseiller municipal d'Évreux entre 1989 et 1995. En 1995, il est tête de liste dans le 18e arrondissement, et obtient un mandat de conseiller de Paris. Jean Tiberi, le nouveau maire de Paris, le nomme comme adjoint.
Ministre de l'Intérieur dans les gouvernements d'Alain Juppé, il est critiqué pour avoir laissé s'organiser la conférence de presse des militants clandestins corses armés à Tralunca.
Il ordonne l'expulsion, le 23 août 1996, de 300 étrangers en situation irrégulière occupant l'Eglise Saint-Bernard à Paris, non sans avoir déclaré auparavant qu'il agirait « avec humanité et cœur ». Malgré les déclarations du gouvernement, la plupart de ces étrangers ne sont pas expulsés, ayant des attaches fortes en France qui rendent toute « mesure d'éloignement » illégale. Des manifestations critiquant la politique du gouvernement Juppé, durant lesquelles on scande des slogans réclamant l'« abrogation des lois Pasqua-Debré », rassemblent des dizaines de milliers de personnes. Ministre de l'Intérieur, Jean-Louis Debré présente en novembre 1996 un projet de loi portant "diverses dispositions relatives à l'immigration", comportant entre autres les orientations suivantes : intensifier le dispositif d'éloignement des étrangers en situation irrégulière ; étendre les contrôles d'identité sur les lieux de production et les chantiers ; permettre aux officiers de police, sous certaines conditions, de fouiller les véhicules.
Les élections législatives de 1997, qui conduisent à la victoire de la gauche plurielle, marquent toutefois son retour dans l'Eure, confirmé en 2001, lorsqu'il devient maire d'Évreux.
D'une grande fidélité à Jacques Chirac, il s'est opposé à maintes reprises à Nicolas Sarkozy.
Il est élu député le 16 juin 2002, pour la XIIe législature (2002-2007), dans la 1re circonscription de l'Eure. De 2002 à 2007, il est président de l'Assemblée nationale.
Le 23 février 2007, Jacques Chirac le nomme président du Conseil constitutionnel en remplacement de Pierre Mazeaud. Il sort du devoir de réserve attaché à sa fonction en octobre 2010, jugeant « inutile pour lui, pour la France » le procès à venir de Jacques Chirac.

2 : Valéry Giscard d’Estaing (surnommé « VGE »), né le 2 février 1926 à Coblence en Allemagne, est un homme d'État français.
Inspecteur des finances de profession, il participe à plusieurs gouvernements entre 1959 et 1974. Candidat des Républicains indépendants (RI) à l'élection présidentielle de 1974, il est élu de justesse 20e président de la République française, face au candidat de la gauche unie, François Mitterrand.
Durant son septennat, du 27 mai 1974 au 21 mai 1981, Valéry Giscard d'Estaing fait voter des réformes qui modifient en profondeur la société française : abaissement de la majorité civile à 18 ans, autorisation du divorce par consentement mutuel et de l'interruption volontaire de grossesse (IVG), création d'un secrétariat d'État à la condition féminine, suppression de l'ORTF et des écoutes téléphoniques, lancement du système monétaire européen (SME), etc. Mais il est vite confronté aux difficultés économiques et aux divisions de sa majorité, entre le RPR gaulliste, dirigé par son ancien Premier ministre Jacques Chirac, et l'Union pour la démocratie française (UDF, centre-droit), dont il est le fondateur.
Alors qu'il part favori à l'élection présidentielle de 1981, il n'est pas réélu face au candidat du Parti socialiste, François Mitterrand, qui recueille 51,76 % des suffrages. Élu président du conseil régional d'Auvergne en 1986, Valéry Giscard d'Estaing est président de l'UDF de 1988 à 1996. Européen convaincu, il préside la Convention sur l'avenir de l'Europe qui aboutit au traité de Rome II ; battu aux élections régionales de 2004, il décide dès lors de siéger au Conseil constitutionnel, dont il est membre de droit.
Auteur de plusieurs essais et romans, Valéry Giscard d'Estaing est membre de l'Académie française depuis 2003.

3 : Jacques Chirac, né le 29 novembre 1932 dans le 5e arrondissement de Paris, est un homme d'État français.
Il est Premier ministre de Valéry Giscard d'Estaing de 1974 à 1976 puis, inaugurant la première cohabitation, celui du socialiste François Mitterrand de 1986 à 1988 (Jacques Chirac est d'ailleurs, sous la Ve République, le seul homme politique à avoir été deux fois Premier ministre). Député de la 3e circonscription de la Corrèze en 1967, 1968, 1973, de 1976 à 1986 et de 1988 à 1995, maire de Paris entre 1977 et 1995, il est le 22e président de la République française du 17 mai 1995 au 16 mai 2007, période incluant la troisième cohabitation avec Lionel Jospin entre 1997 et 2002.
Il est aussi le fondateur de deux partis politiques majeurs : le Rassemblement pour la République (RPR), en 1976, et l'Union pour un mouvement populaire (UMP), en 2002.
Il siège aujourd'hui au Conseil constitutionnel, dont il est membre de droit depuis la fin de son second mandat de président de la République.

4 : Pierre Steinmetz, né le 23 janvier 1943 à Sainte-Colombe (Rhône), est un haut fonctionnaire et homme politique français. Il a notamment été, en 2002-2003, directeur de cabinet du premier ministre Jean-Pierre Raffarin (2002-2003). Il est membre du Conseil constitutionnel depuis le 27 février 2004.
Administrateur civil de deuxième classe au ministère des départements et territoires d'outre mer, mis à la disposition du ministère de la santé publique et de la sécurité sociale (1970 )
Directeur du cabinet du haut commissaire de la République dans l'océan Pacifique, à Nouméa (1972)
Chargé de mission au service législatif du secrétariat général du gouvernement (1975)
Chargé de mission au cabinet du Premier ministre Raymond Barre (1979)
Chargé de mission au ministère de l'Urbanisme et du Logement (1982)
Directeur de cabinet du secrétaire général de la Ville de Paris (1982 à 1987)
Directeur du développement économique et social au conseil régional d'Île-de-France (1987)
Mission chargée « d'apprécier la situation et de rétablir le dialogue » en Nouvelle-Calédonie (1988)
Préfet de Haute-Marne (1988)
Directeur de cabinet du ministre de la Coopération et du Développement Jacques Pelletier (1989-1991)
Préfet des Pyrénées-Orientales en 1992, de la Haute-Savoie en 1993 et de La Réunion fin 1994
Directeur de cabinet du ministre de la Fonction publique, de la Réforme de l'État et de la Décentralisation (1995)
Préfet de la région Bourgogne, préfet de la zone de défense Centre-Est, préfet de la Côte d'Or (1996)
Préfet de la région Poitou-Charentes, préfet de la Vienne (1997)
Directeur général de la Gendarmerie nationale (2000-2002)
Directeur de cabinet du Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin (2002-2003)
Nommé le 27 février 2004 au Conseil constitutionnel par le Président de la République, il prête serment devant lui le 10 mars 2004 .

5 : Renaud Denoix de Saint Marc, né le 24 septembre 1938 à Boulogne-Billancourt, est un haut fonctionnaire français. Il est membre du Conseil constitutionnel depuis février 2007.
Il a fait majoritairement sa carrière au Conseil d'État français dont il fut le vice-président d'avril 1995 à octobre 2006 et président de l'Institut Français des Sciences Administratives (IFSA). Il fut secrétaire général du Gouvernement de 1986 à 1995.
Licencié en droit, ancien élève de l'Institut d'études politiques de Paris et de l'École nationale d'administration dont il est sorti 5e de la promotion Blaise Pascal en 1964.
Le 29 novembre 2004, il est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques au fauteuil de Jacques Leprette. Le 27 octobre 2009, il est élu membre de l'Académie nationale de médecine.
En 2005, il devient président du conseil d'orientation du domaine national de Chambord, en 2006 président du cercle Le Siècle, et depuis avril 2007 président du club de la maison de la chasse et de la nature.
Carrière professionnelle :
En 1964, à sa sortie de l'ENA, il choisit d'être auditeur au Conseil d'État.
En 1970, il rejoint le cabinet de Robert Poujade, alors ministre de l'Environnement.
En 1972, il revient au Conseil d'État comme maître des requêtes.
De 1974 à 1978, il est commissaire du gouvernement près de l'Assemblée du contentieux du Conseil d'État.
De 1978 à 1979, il est directeur adjoint du cabinet du Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Alain Peyrefitte
De 1979 à 1982, il est directeur des Affaires civiles et du Sceau au Ministère de la Justice
De 1983 à 1985, il réintègre le Conseil d'État en tant que commissaire du gouvernement
En 1985, il devient conseiller d'État
De 1986 à 1995, il est secrétaire général du Gouvernement, assurant la continuité des services centraux sous les gouvernements de Jacques Chirac, de Michel Rocard, d'Édith Cresson, de Pierre Bérégovoy, puis d'Édouard Balladur.
Du 23 avril 1995 au 3 octobre 2006, il est vice-président du Conseil d'État et président de l'Institut Français des Sciences Administratives (IFSA)
Le 24 septembre 2006, il est admis à faire valoir ses droits à la retraite.
Le 23 février 2007, il est nommé membre du Conseil constitutionnel par Christian Poncelet président du Sénat

6 : Guy Canivet, né le 23 septembre 1943 à Lons-le-Saunier, est magistrat de profession et membre du Conseil constitutionnel depuis le 5 mars 2007.
Il a fait ses études de droit à l'université de Dijon y obtenant un diplôme d'études supérieures spécialisées de droit privé et de sciences criminelles avant d'entrer à l'École nationale de la magistrature.
Juge d'instruction à Chartres (1972) ;
Secrétaire général de la présidente du Tribunal de grande instance de Paris (1978) ;
Chargé de mission auprès du premier président de la Cour de Cassation (1984 - 1988) ;
Président de chambre à la Cour d'appel de Paris (1991) ;
Premier président de la Cour d'appel de Paris (1996) ;
Premier président de la Cour de cassation le 2 juillet 1999, à l'âge de 55 ans, succédant à Pierre Truche, partant en retraite.
Article détaillé : Liste des premiers présidents de la Cour de cassation.
Le 23 février 2007, il est nommé membre du Conseil constitutionnel par le Président de l'Assemblée nationale Jean-Louis Debré.
Le 1er juin 2007, il est nommé membre de la Commission d'éthique du Comité international olympique par la Commission exécutive, en remplacement de Monsieur Robert Badinter.

7 : Michel Charasse, né le 8 juillet 1941 à Chamalières (Puy-de-Dôme), est un homme politique français. Sénateur du Puy-de-Dôme de 1981 à 1988, il est ensuite nommé ministre du Budget. Réélu au Sénat en 1992, il est exclu du Parti socialiste en 2008 et devient membre du Conseil constitutionnel le 12 mars 2010.
Fils d'un employé de l'imprimerie de la Banque de France, licencié en droit et diplômé de l'IEP de Paris, il adhère à la SFIO en 1962. Attaché d'administration centrale (1965-1976), attaché principal (1976) au ministère de l'Économie et des Finances, en service détaché auprès de la communauté urbaine de Lille (1973-1978), il est élu maire de Puy-Guillaume en 1977. En 1981, après l'élection à la présidence de la République de François Mitterrand, il devient sénateur du Puy-de-Dôme, en remplacement de Roger Quilliot, nommé ministre. Michel Charasse rejoint alors l'Élysée avec le titre de conseiller, cumulant cette activité avec celles de parlementaire et de maire.
En juin 1988, il est nommé ministre délégué auprès du ministre d'État, ministre de l'Économie, des Finances et du Budget, chargé du Budget, dans le gouvernement Michel Rocard II, poste qu'il conserve sous le gouvernement Édith Cresson. Il rétablit l'impôt sur les grandes fortunes (IGF), aujourd'hui impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Le 2 avril 1992, il devient ministre du Budget du gouvernement Pierre Bérégovoy. Réélu sénateur du Puy-de-Dôme aux élections de 1992, il quitte le gouvernement et redevient conseiller du président Mitterrand.
Par conviction laïque, Michel Charasse refuse d'entrer dans une église. Ainsi, aux obsèques de François Mitterrand le 11 janvier 1996, il reste à l'extérieur de l'église de Jarnac, tenant en laisse la chienne de Mitterrand, Baltique.
Questeur du Sénat de 2001 à 2004, vice-président de l'Institut François-Mitterrand, il se veut un « gardien » du « temple mitterrandien ».
Après l'élection présidentielle de 2002, il apporte son soutien à la réforme Fillon sur le régime des retraites en affirmant que le PS avait préparé une réforme comparable au cas où Lionel Jospin aurait été élu.
Lors de l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle de 2007, il crée la surprise en recevant chaleureusement, dans sa mairie, le candidat UMP Nicolas Sarkozy. Le 15 avril 2008, Michel Charasse est suspendu du Parti socialiste sur décision du bureau national, pour avoir soutenu un candidat dissident à la présidence du conseil général du Puy-de-Dôme.
Le 28 mai, après avoir refusé un ultime compromis que leur proposait le bureau national, Michel Charasse et dix-sept conseillers généraux du Puy-de-Dôme sont exclus du PS. Le sénateur trouve alors refuge au groupe du RDSE, bien que ce groupe soit l'auteur de l'amendement de l'article 89 de la loi n° 2004‑809 favorisant l'école privée.
Le 24 février 2010, Michel Charasse est nommé membre du Conseil constitutionnel par le président Nicolas Sarkozy.

8 : Hubert Haenel, né le 20 mai 1942 à Pompey (Meurthe-et-Moselle), est un homme politique français, sénateur RPR puis UMP du Haut-Rhin, de 1986 à 2010. Il est aujourd'hui membre du Conseil constitutionnel.
Hubert Haenel est maître des requêtes au Conseil d'État de profession.
Il est élu sénateur du Haut-Rhin le 28 septembre 1986, et réélu les 24 septembre 1995 et 26 septembre 2004.
Hubert Haenel, président de la Commission des Affaires européennes du Sénat de 2008 à 2010 a été membre de la Convention européenne et de la Convention chargée de l'élaboration de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne.
Il est nommé le 24 février 2010 au Conseil constitutionnel par le président du Sénat Gérard Larcher. Abandonnant alors l'ensemble de ses mandats politiques, il prend ses fonctions le 12 mars suivant.

9 : Jacques Barrot, né le 3 février 1937 à Yssingeaux (Haute-Loire), est un homme politique français.
Ancien secrétaire général du Centre des démocrates sociaux (CDS), composante de l'UDF, il a longtemps été une des principales figures de la démocratie chrétienne en France.
Il a occupé plusieurs fonctions ministérielles, dont celles de ministre du Commerce, de la Santé, du Travail. Jacques Barrot est aussi vice-président de la Commission européenne de 2004 à 2009, initialement chargé des Transports, puis de la Justice et des Affaires intérieures.
Depuis le 12 mars 2010, il est membre du Conseil constitutionnel.
Fils du résistant démocrate-chrétien Noël Barrot, député républicain populaire de la Haute-Loire, Jacques Barrot effectue ses études à Yssingeaux, avant de les poursuive à Paris par une licence de droit et un certificat de sociologie. Diplômé par la suite de l'Institut d'études politiques de Paris, il est aussi titulaire du Certificat d'aptitude à la profession d'avocat, mais ne plaidera jamais.
Peu après la mort de son père en cours de mandat, alors qu'il n'est encore que conseiller municipal d'Yssingeaux, il est élu jeune député de la Haute-Loire en mars 1967. Démocrate chrétien comme son père, il refuse cependant de soutenir la candidature Poher en 1969 et rejoint le Centre Démocratie et Progrès (CDP) de Jacques Duhamel.
Partisan du président Pompidou comme le ministre des Finances Valéry Giscard d'Estaing, il se rapproche de ce dernier qui le nomme secrétaire d'État au Logement lorsqu'il accède à la présidence de la République, en 1974. A ce poste durant près de quatre ans, il lance le premier programme de rénovation de grands ensembles en France. Raymond Barre l'appelle alors au ministère du Commerce puis au ministère de la Santé et de la Sécurité sociale.
Après l'échec de 1981, il se consacre essentiellement à ses fonctions locales et devient maire de sa commune natale en 1989, mairie que son père avait eu de grandes difficultés à conquérir. Président du conseil général de la Haute-Loire après 1976, il se montre un ardent défenseur du désenclavement, et notamment de l'aménagement de la RN 88 ; il inaugure ainsi en 1994 le viaduc du Lignon qui rapproche la Haute-Loire de Rhône-Alpes. Par la suite, il lance le projet de restauration de l'Hôpital général du Puy, où s'installe l'hôtel du département au début des années 2000.
À l'Assemblée nationale, il s'impose comme une des figures principales du centre-droit, même s'il ne parvient pas à obtenir la présidence du Centre des démocrates sociaux (CDS). Il préside ainsi le groupe de l'Union du centre, élément de l'ouverture au centre voulue par Michel Rocard, entre 1988 et 1993. C'est au titre de ses fonctions de secrétaire général qu'il sera condamné, aux côtés de Pierre Méhaignerie et de Bernard Bosson, pour « recel d'abus de confiance », en raison du financement irrégulier du CDS (s'agissant de faits antérieurs à la loi de 1990 sur le financement des partis politiques, sa peine sera aussitôt annulée du fait de l'amnistie du 3 août 1995).
Soutien de Jacques Chirac, il est ministre du Travail et des Affaires sociales entre 1995 et 1997 (et doit défendre le très contesté plan Juppé pour les retraites) puis président du nouveau groupe UMP à l'Assemblée, de 2002 à 2004. Son expérience de la vie parlementaire lui permet d'apaiser les tensions entre les différentes tendances du nouveau groupe.
Jacques Barrot est l'un des membres fondateurs, avec Jean-Pierre Raffarin, Michel Barnier et Dominique Perben, du club Dialogue & Initiative, créé en 1999. Il a aussi été vice-président du Cercle de l'industrie, de sa création en 1993 à 2004.
En 2004, il est nommé vice-président de la Commission européenne, présidée par José Manuel Barroso, et abandonne son siège de député à son jeune suppléant, Laurent Wauquiez. Chargé des transports à Bruxelles (DG TREN), il signe avec les États-Unis un accord d'ouverture des relations aériennes transatlantiques, et doit trouver des financements pour le projet Galileo. En avril 2008, il remplace Franco Frattini au poste de commissaire à la Justice, à la Liberté et à la Sécurité, et n'est pas reconduit au sein de la Commission Barroso II, qui prend ses fonctions en février 2010.
Il est nommé, le 23 février 2010, au Conseil constitutionnel par le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer, succédant à Pierre Joxe.
Depuis 2009, Jacques Barrot est également président de l'Association culturelle de La Chaise-Dieu, organisatrice du festival de musique du même nom.

10 : Claire Bazy-Malaurie, née le 14 avril 1949 à Paris 18e, est membre du Conseil constitutionnel.
Elle est issue de la promotion Voltaire de l'ENA. Elle entre en 1980 à la Cour des comptes et devient président de chambre en janvier 2006. Elle est désignée comme membre du Conseil constitutionnel par le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer le 31 août 2010, pour remplacer Jean-Louis Pezant, décédé.
Elle a obtenue plusieurs décorations : le Mérite agricole, l'Ordre national du Mérite et la Légion d'Honneur.
11 : Jacqueline de Guillenchmidt, née Jacqueline Barbara de Labelotterie de Boisséson le 25 septembre 1943 à Pékin, est membre du Conseil constitutionnel français depuis 2004, nommée par le président du Sénat.
Fille de Robert Barbara de Labelotterie de Boisséson (1905-1993), diplomate qui a été successivement ambassadeur de France au Chili, au Liban et en Espagne, et de France Pasquet du Bousquet de Laurière, elle est mariée à Michel de Guillenchmidt, conseiller d'État honoraire, professeur de droit et avocat à la Cour.
Formation :
Diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris
Titulaire d'une maîtrise en droit
Carrière :
Avocat au barreau de Paris (1972-1982)
Juge d'instruction au tribunal de grande instance de Pontoise (1982-1985)
Magistrat à l'administration centrale du ministère de la Justice (1985)
Chef du bureau du droit commercial (1989-1992), puis de la réglementation des professions à la direction des Affaires civiles et du Sceau du ministère de la Justice (1992-1993)
Conseiller technique (1993-1994), puis directeur adjoint du cabinet du garde des Sceaux, ministre de la Justice (1994-1995)
Conseiller d'État (depuis 1995)
Présidente de la Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l'enfance et à l'adolescence (1995-1999)
Présidente de la Commission du fonds de soutien à l'expression radiophonique (1995-1999)
Membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel (1999-2004)
Membre du Conseil constitutionnel, nommée le 8 mars 2004 par le président du Sénat Christian Poncelet
Décorations :
Chevalier de la Légion d'honneur du 3 juillet 2000, officier du 12 avril 2009[1].
Chevalier de l'ordre national du Mérite, des Palmes académiques et du Mérite agricole.
Sa famille :
Originaire du Languedoc, cette famille Barbara a été anoblie en 1703 par le capitoulat de la ville de Toulouse. Au XVIIIe siècle, elle est l'une des principales familles du comté de Castres (Tarn). Elle se transplante en Russie et en Bavière durant l'Emigration et la première moitié du XIXe siècle, période durant laquelle elle prend des titres de noblesse à titre de courtoisie. Elle a donné :
Un maréchal de camp en 1791
Un général en Russie en 1820
Une grande maîtresse à la Cour de Bavière au XIXe siècle
Un écuyer au Cadre Noir
Des religieux
Des officiers
Un ambassadeur de France
Un actuel membre du Conseil constitutionnel français

mardi 23 novembre 2010

Un sujet d'étonnement.

J'ai été plusieurs fois confronté à un type de réaction très étrange de la part des personnes qui avaient connaissance de mes sites d'information. Certaines venaient voir ce qui se cachait derrière les titres de ces blogs et ne s'arrêtaient qu'à des détails et des broutilles. J'en cite un seul. Une remarque m'a été rapportée sur la couleur de la police de caractère choisie pour le texte diffusé sur ce site, défaut qui ne faisait pas ressortir le texte par rapport au fond graphique du site. J'ai pris note de la remarque (il faut toujours avoir de la considération pour les avis extérieurs) et j'ai posé la question suivante : "Oui, la couleur des caractères c'est bien de me la signaler, mais le texte lui-même? Qu'est-ce qu'il en a pensé? Ou dit? Réponse (Attention, ça vaut le détour!) :
"Il n'a pas eu le temps!"
Voilà qui est très intéressant!
D'autres personnes m'ont répondu la même chose (mot pour mot) sans même aller voir ce que je pouvais bien avoir à dire.
Que faut-il en conclure? Rien de bien extraordinaire, ma foi : les gens n'ont pas le temps! Pas de temps pour s'informer. C'est bien fâcheux!
Je vais donc délivrer ce message très simple à toutes ces Martine et ces Richard de France et des départements et territoires d'Outre-Mer (ainsi qu'à tous les Maurice, les Robert, les Germaine, Simone et Monique qui forment ce que j'appelle le Peuple de France et que je compte réunir dans les Comités de Citoyens lorsque je serai élu). Vous n'avez pas le temps, ce n'est pas grave! Ceux que vous allez élire en 2012 (aux législatives qui suivront les présidentielles) auront le temps, eux. Oui, mesdames et messieurs, vos députés auront tout le temps et tout le loisir de s'occuper de votre cas, de gérer vos vies et de régler les modalités de vos existences exactement comme ils l'ont fait pour vos retraites cette année. Ils ne vous demanderont pas votre avis, se moqueront de vos défilés et de vos manifestations, ignoreront votre opposition et continueront à gérer la république avec l'argent qu'ils sauront vous extorquer avec des lois injustes.
Si c'est ça que vous voulez, après tout, continuez à être débordés, je ne pourrai rien pour vous (mais j'essaierai quand même!).
Si, par contre, vous souhaitez autre chose, vous saurez quoi faire en 2012. (Voter pour moi, je vous le rappelle!)

samedi 20 novembre 2010

A propos des « dix stratégies de manipulation de masses » attribué à Noam Chomsky

Un texte intitulé « Les dix stratégies de manipulation de masses » (http://www.pressenza.com/npermalink...) et attribué à Noam Chomsky circule abondamment sur le net ces jours-ci. Par ailleurs, on voit déjà, en réponse à ce texte, des critiques de Chomsky comme « adepte de la théorie du complot », dans la « grande » presse (1).
Le 10ème principe reflète d’ailleurs bien les fantasmes, fréquents dans l’extrême gauche, sur la connaissance que le « système » aurait de l’individu moyen grâce à « la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée », ce qui est très différent de ce que pense Chomsky, qui sait que la connaissance (vraiment) scientifique de l’être humain est extrêmement limitée.
Comme ce texte me semblait être une simplification et une déformation de sa pensée, et que je ne trouvais pas son équivalent en anglais, je lui ai posé la question, pour en avoir le coeur net. Voici sa réponse : « Je n’ai aucune idée d’où cela vient. Je n’ai pas fait cette compilation moi-même, je ne l’ai pas écrite ni mise sur le web. Je suppose que celui qui l’a fait pourrait prétendre que ce sont des interprétations de ce que j’ai écrit ici ou là mais certainement pas sous cette forme ni en tant que liste. »
Le succès apparent de ce texte illustre bien la mauvaise compréhension de la pensée de Chomsky à propos de la « manipulation », à la fois chez certains de ses partisans et de ses adversaires. Lui et Ed Herman, co-auteurs de La fabrique du consentement (ed. Agone, 2008) ne suggèrent jamais qu’il y a quelque part une organisation cachée qui « manipule les masses ». Ils montrent qu’il existe un certain nombre de filtres, liés à la propriété privée des médias, à nécessité de la publicité, à l’action de groupes d’influence etc., qui ont pour résultat que la vision du monde véhiculée par les médias est extrêmement biaisée, mais tout cela fonctionne un peu comme l’idéologie chez Marx, un processus sans sujet.
Curieusement, il est d’une certaine façon rassurant de penser qu’il existe des manipulateurs conscients qui, parce qu’ils le dirigent, savent au moins où va le monde. Malheureusement, il y a bien des relations de pouvoir, des mensonges et des biais idéologiques, mais il n’y a pas de pilote dans l’avion.
Jean Bricmont
http://www.legrandsoir.info/A-propos-des-dix-strategies-de-manipulation-de-masses-attribue-a-Noam-Chomsky.html
1/ La stratégie de la distraction
Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. « Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux. » Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »
2/ Créer des problèmes, puis offrir des solutions
Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.
3/ La stratégie de la dégradation
Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.
4/ La stratégie du différé
Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.
5/ S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge
La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-age ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ? « Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans ». Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »
6/ Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion
Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…
7/ Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise
Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »
8/ Encourager le public à se complaire dans la médiocrité
Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…
9/ Remplacer la révolte par la culpabilité
Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution!…
10/ Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes
Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.

L’ordre et le chaos

Mercredi 6 octobre 2010

Ça va mal finir

Thomas Gunzig Ecrivain

Depuis quelques jours, il y a un lien qui tourne sur Facebook : une sorte de « digest » d’un texte de Noam Chomsky.
Bon, Noam Chomsky, c’est le profil même de l’intellectuel ultra-baraqué, une pointure, une référence, le type qu’on aimerait avoir comme grandoncle pour l’inviter, une fois par mois, à manger de la tarte pour l’écouter parler de linguistique, de philosophie ou de politique. C’est le genre de type qui a dû réfléchir en un demi-siècle plus que je ne pourrais le faire en un demi-millénaire.
J’ai donc lu avec attention les extraits de textes publiés sous le titre : Les dix stratégies de la manipulation de masse. Un ensemble de réflexions ou de constats sur ce que pourrait être le contrôle social. A première vue, c’est pas mal vu, c’est séduisant, cela met des mots précis sur des sentiments vagues que chacun d’entre nous peut avoir un jour ou l’autre :
– Stratégie de la distraction, par laquelle on détourne l’attention du public.
– Créer des problèmes et puis offrir des solutions (afin que le public soit lui-même demandeur de « mesures qu’on souhaite lui voir accepter »).
– S’adresser au public comme à des petits enfants.
– Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion.
– Remplacer la révolte par la culpabilité.
– Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes.
– La « Stratégie de la dégradation » (consistant à appliquer les mesures inacceptables très progressivement).
– La stratégie du différé : consistant à faire accepter un sacrifice futur, plutôt qu’un sacrifice immédiat…
Ça sonne bien, ça a l’air bien… Mais quand j’ai lu ça, ça m’a fait comme un petit caillou dans ma chaussure : un sentiment d’inconfort…
Ce qui me gênait, c’était le présupposé d’un plan général, c’était le lien indirect mais évident à l’idée de « complot mondial » à laquelle je ne suis jamais parvenu à adhérer. Mettez un pied là-dedans, et vous n’en sortirez pas : en acceptant l’idée de manipulation (qui est, dans une certaine mesure, fondée), on glisse de site en site, d’article en article, de forum en forum, vers l’éternelle démonstration qu’aucun avion ne s’est écrasé sur le World Trade Center, sur les rumeurs d’intégration forcée de « puces sous-cutanées », sur les démonstrations de la toxicité des « chemtrails », sur des avis éclairés concernant l’existence de la Base 51, ou encore sur la domination universelle des Illuminati.
Je ne suis jamais parvenu à croire à l’existence d’un grand complot mondial, de la même façon que je n’arrive pas à me faire à l’idée d’une grande manipulation savamment orchestrée par des réseaux qui nous dépassent.
Quand je regarde le monde, je ne vois qu’un grand bordel, la chambre mal rangée d’un enfant perturbé. Que je me retourne sur l’Histoire, je n’y vois qu’une accumulation de braquages ratés, de rêves, d’ambitions, de fantasmes, de désirs entrant en collision les uns avec les autres et au final, s’annulant à plus ou moins long terme. En un mot, ce bon vieux cliché shakespearien de l’histoire humaine : « Un récit raconté par un idiot, plein de bruit et de fureur et qui ne signifie rien. »
Cela dit, ça ne me fiche pas moins la trouille qu’un grand complot.
Bien au contraire.

Selon Gurdieff, l'homme ordinaire est constamment dans un état d'inconscience analogue au sommeil, il n'est qu'une machine qui ne contrôle ni ses actes ni ses pensées. Pour s'éveiller, il faut comprendre que l'on ne sait rien de soi-même et que le rappel de soi est la première étape vers le véritable éveil.
Gurdieff classe les hommes en quatre groupes :
- le cercle intérieur qui réunit les humains éveillés
- le cercle mésotérique qui regroupe les humains "théoriquement" éveillés
- le cercle exotérique qui regroupe les humains qui se réveillent
- le cercle extérieur qui regroupe les humains endormis

Contre-mesures

Les règles d'Alynski
En 1970, Saul Alynski, provocateur hippy, publiait un manuel énonçant des règles tactiques pour survivre en société ou pour la combattre :
  • le pouvoir n'est pas ce que l'on a mais ce que les autres croient que l'on a
  • il faut sortir du champ d'expérience de son adversaire, il faut inventer de nouveaux terrains de lutte
  • il faut combattre son ennemi avec ses propres armes. Utiliser les éléments de son propre livre de référence pour l'attaquer
  • l'humour est l'arme la plus efficace, si on ridiculise ou si on pousse son adversaire à se ridiculiser, il lui est plus difficile de se battre
  • une tactique ne doit jamais devenir une routine
  • il faut maintenir l'adversaire en état de défense
  • ne jamais bluffer si on n'est pas capable de passer aux actes
  • - les handicaps apparents peuvent devenir des atouts
  • - si l'on obtient la victoire, il faut être capable de l'assurer et d'occuper le terrain durablement. Sinon, il vaut mieux abandonner
  • - il faut focaliser sa cible et ne plus en changer durant la bataille. Ne jamais courir deux lièvres à la fois.